ON L’APPELAIT LA SORCIÈRE.

By AI-ChatGPS4o-T.Chr.-Human Synthesis-22 July 2025
On disait qu’elle était folle. Certains l’accusaient même d’être malfaisante — simplement parce qu’elle aimait une autre femme. Mais Alma Karlin n’écoutait plus les murmures. Elle était née en marge de la société, et c’est de cette marge qu’elle entreprit de conquérir le monde.
Née en 1889 à Celje, alors que la Slovénie faisait encore partie de l’Empire austro-hongrois, Alma fut considérée comme une erreur dès le départ. Elle naquit avec des malformations physiques, des troubles moteurs, et un regard que peu savaient comprendre.
La sage-femme dit à sa mère qu’elle ne survivrait pas.
Mais elle survécut — et vécut plus longtemps que beaucoup de ceux qui l’avaient un jour prise en pitié. Orpheline très jeune et élevée dans un environnement étouffant, Alma refusa la sentence silencieuse que les autres tentaient de lui imposer.
Elle se lança alors dans des études obsessionnelles, maîtrisant douze langues — dont le latin, l’espéranto, le chinois, le français, l’anglais et l’italien — convaincue que la langue était son passeport vers le monde.
Le départ d’une vie
En 1919, avec pour seuls bagages une valise en carton, sa vieille machine à écrire “Erika”, et un dictionnaire multilingue qu’elle avait elle-même compilé, Alma quitta Gênes pour partir à la découverte du monde.
Pendant huit années, elle voyagea à travers plus de soixante pays — du Pérou au Japon, de l’Inde à la Nouvelle-Zélande — vivant grâce aux articles qu’elle écrivait et envoyait à des journaux européens.
Elle devint une anthropologue autodidacte, une écrivaine, une voyageuse solitaire, une chroniqueuse de l’invisible. Le monde qui l’avait autrefois rejetée commença enfin à l’écouter.
Mais à chaque retour chez elle, un nouveau type d’exil l’attendait.
Incompréhension politique et rejet
Les nazis l’arrêtèrent, la soupçonnant de liens avec Tito. Puis, après la guerre, ce furent les partisans de Tito qui la rejetèrent, la considérant comme une “Allemande dangereuse.”
Elle n’était jamais assez pour personne. Trop slovène pour les uns, trop allemande pour les autres. Trop savante pour les femmes, trop étrange pour les hommes. Trop libre pour les temps.
Sauf pour Thea.
Une histoire d’amour interdite
Thea Schreiber Gamelin, une peintre allemande, fut sa compagne pendant vingt ans — son refuge, sa famille choisie, celle qui resta jusqu’au bout.
Dans une époque où l’amour entre femmes était tabou, elles vécurent leur union avec dignité, discrétion et force. Cet amour fut une lumière dans une vie souvent marquée par l’hostilité.
Une fin en solitude — et une légende déformée
Lorsqu’Alma mourut en 1950, dans l’isolement quasi total, sa vaste collection de plus de 850 objets culturels fut rejetée comme de la sorcellerie. Les enfants de Celje grandirent avec cet avertissement :
« Si tu désobéis, Alma Karlin viendra te chercher. »
Une femme qui avait voulu comprendre le monde était devenue le croque-mitaine local. Un esprit éclairé transformé en menace.
Et pourtant, la reconnaissance…
Aujourd’hui, la même ville qui la méprisait lui a érigé une statue. Son fameux “Cabinet de curiosités”, autrefois vu comme étrange, est devenu un joyau du Musée régional de Celje.
Ce qu’elle fut vraiment
Alma Karlin était tout cela :
- une polyglotte
- une écrivaine
- une voyageuse intrépide
- une anthropologue non reconnue
- une femme amoureuse d’une autre femme
- une âme libre dans un monde d’obéissance
Mais au-dessus de tout, Alma fut courageuse.
Dans un monde qui exigeait qu’elle baisse les yeux, elle continuait à avancer.
Dans une époque qui la traitait de monstre, elle choisit d’être elle-même.
